Technologies de l'Information et de la Communication appliquées aux bibliothèques
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Site de Jacques Kergomard, biblioticien autoproclamé
Au printemps 2016, j’ai été contacté par Eric Marson qui recherchait une solution pour inventorier une collection personnelle de plus de 100.000 documents. Après avoir contacté les différents éditeurs de SIGB, il n’était pas satisfait par des offres qui ne prenait pas en compte le caractère exceptionnelle et atypique de la collection. Le secret sur le nom du possesseur, Karl Lagerfeld, était de rigueur jusqu’à sa mort il y a un an.
Je parlerai en second lieu de la solution mise en place mais je voudrais au préalable avertir que le devenir de cette bibliothèque est encore très incertain. Succession oblige.
Cette bibliothèque était une source de documentation pour le travail de Karl Lagerfeld mais c’est avant tout celle d’un « fou de livres ». Elle reflète la personnalité d’un homme qui a choisi et consulté chacun des 111.000 titres.
Ce catalogue n’était pas fait pour lui qui déclarait au Nouvel Obs « Tout est dans ma tête, je sais où sont les choses. Il n'y a pas d'ordre et c'est ce qui permet de découvrir des choses qu'on n'aurait jamais découvertes autrement » mais l'inventaire était le préalable à une possible ouverture au public de la collection.
Basée sur un entrepôt de données articulé avec le SIGB PMB, la solution informatique devait répondre à plusieurs contraintes : délai de réalisation le plus court possible, collection dispersée, plusieurs langues et alphabets, équipement des documents avec pose d’Ex-Libris, et respect des normes pour permettre la cession des données à la future bibliothèque Karl Lagerfeld.
Karl Lagerfeld voulait avoir des livres à portée de main dans tous les lieux qu’il fréquentait : studio photo de la rue de Lille, appartements parisiens, etc. Les murs de toutes les pièces, même une salle de gym, sont équipées de rayonnages faits de plaques métalliques très fines donnant l’impression que les livres flottent dans les airs et Karl Lagerfeld voulait que les titres soient toujours visibles et lisibles. Tout cela confère à ces lieux une atmosphère irréelle, presque magique, comme si l’on était dans une boite à livres.
Pour respecter cette organisation, Eric Marson a établi un plan de repérage à 5 niveaux : lieu, pièce et pan de mur découpé en rangées et colonnes correspondant au quadrillage des étagères.
La chaîne de traitement mise en place a permis de réaliser l’inventaire de 111.000 documents en 3 ans avec une équipe réduite : un temps plein la première année et une deuxième personne ensuite. Equipé d’un ordinateur portable, le personnel a travaillé étagère par étagère correspondant à 5 niveaux de cote. Les documents sont apportés au poste de travail pour la pose de l’ex-libris, le catalogage et l’inscription du numéro d’inventaire. Le catalogage se fait livre en main à partir d’un formulaire. Les éléments de cotation sont saisis une seule fois pour l’ensemble des documents de l’étagère puis, pour chaque exemplaire, l’utilisateur renseigne les données locales -état, notes et particularités : dédicaces, notes de KL, etc. - et des éléments pour la notice bibliographique.
S’il existe, l’ISBN est le seul élément requis pour interroger les bibliothèques nationales ou spécialisées ,déterminées en fonction du pays de publication, et Amazon avec les protocoles Z39.50, SRU/SRW et web services Amazon. Ceci a permis de récupérer près de 84% des notices bibliographiques pour plus de la moitié auprès de la BnF.
Si la notice n’est pas disponible, pas satisfaisante ou s’il n’y a pas d’ISBN, l’utilisateur fournit les éléments pour créer une notice sommaire à compléter par la suite. En fin de saisie, la notice est enregistrée dans un entrepôt et est intégré dans la base PMB.
Nous avons choisi de nous appuyer sur PMB pour les fonctionnalités complémentaires, principalement le catalogage des notices non récupérées et la recherche documentaire, après y avoir intégré des outils spécifiques : formulaire de saisie, consultation de l'entrepôt, statistiques, etc.
Dans l'hypothèse d'une transmission, la référence sera l'entrepôt. La création de notices n'est possible que via le formulaire. Les données sont synchronisées avec le SIGB : les modifications ou suppressions d'exemplaires à partir de PMB sont répercutées dans l'entrepôt et une suppression de notice n'est possible que s'il n'existe plus d'exemplaire. Chaque doument dispose d'un statut permettant de déterminer si la notice de référence est celle de PMB pour une notice non récupérée ou modifiée, ou bien celle de l'entrepôt. Les données brutes importées de l'extérieur ainsi que l'URI sont mémorisées pour pouvoir être restituées dans leur complétude lors d'un éventuel transfert. Les notices de référence PMB pourront être fournies en format MARC via les fonctions du SIGB.
Cette expérience montre l'intérêt d'un logiciel libre. L'application aurait pu être développé sans s'appuyer sur PMB mais elle se serait limitée à une simple saisie de l'inventaire. Ce sont les outils de recherche et d'analyse de la collection qui ont permis d'en révéler la richesse et l'originalité. En espérant que tout cela ne sera pas perdu !