Technologies de l'Information et de la Communication appliquées aux bibliothèques
Etudes et conseil, Formation, Travaux à Façons
Site de Jacques Kergomard, biblioticien autoproclamé
Dans le cadre de l'étude de faisabilité d'un portail d'intérêt bourguignon que je réalise actuellement pour le CRL Bourgogne, j'ai regardé ce qui se faisait en terme de portails à vocation territoriale : communautés de communes ou d'agglomération, département, régions, etc. Après avoir visité de nombreux sites, deux approches se dégagent : la première de type catalogue collectif recense et publie des ressources de tous types existants dans un espace géographique précis alors que dans la seconde, d’ordre thématique, le choix des ressources est déterminé par le contenu.
Dans cette approche, le critère principal de sélection est la localisation. Une ressource est répertoriée et rendue accessible parce qu’elle se trouve dans l’aire géographique choisie. A cela s’ajoute d’autres critères de sélection comme l’appartenance à des établissements de même type (bibliothèques, archives, etc.) ou la nature des documents (documents numérisés ou patrimoniaux, documents sonores, etc.….).
Voici quelques exemples de sites de ce type :
Cette approche est probablement la plus répandue dès qu’il s’agit d’un portail permettant un accès unique à plusieurs sources de données d’une même entité administrative : communauté de communes, départements, régions ou états. Il est toujours plus facile d’intéresser les autorités de tutelle si les établissements concernés sont dans le même périmètre géographique ou domaine d’activité que le maître d’œuvre du portail : région et DRAC pour Lectura ou Aquitaine Patrimoine, département pour le CDRC de la Lozère, Europe pour Europeana. Le portail peut alors servir d’aide à certains établissements pour la numérisation et la publication de fonds qui ne l’auraient sans doute pas été autrement.
L’agrégation de fonds du seul fait de leur localisation pose cependant un problème de visibilité. Le contenu du portail relève du web invisible. L’internaute ne se rendra donc pas sur le site suite à une interrogation dans un moteur de recherche mais parce qu’il saura que le portail est pertinent pour son domaine de recherche. Une personne intéressée par le patrimoine d’une région pense probablement à interroger un site régional recensant des documents patrimoniaux mais, pour une recherche plus spécialisée, l’internaute n’a pas de raison particulière de s’adresser à un tel site et préférera ceux spécialisés dans son domaine.
Dans cette approche, le critère principal est le contenu des documents recensés. Des thèmes précis sont choisis et c’est la politique documentaire qui détermine la sélection de telle ou telle ressource, indépendamment de son type ou de sa localisation.
Les sites de ce type sont plus rares mais voici quelques exemples significatifs :
Pour ce genre de sites, le risque est grand de partir dans toutes les directions si la charte documentaire n’est pas suffisamment précise, Par contre, si les domaines abordés sont bien maîtrisés, le site peut présenter un intérêt autant par son contenu que par sa structure. En organisant les collections et en les rendant accessibles par des parcours ou des visites virtuelles, le portail génère un contenu au même titre que les ressources présentées ou répertoriées. Ne pas être directement inscrit dans un cadre institutionnel peut rendre difficile la constitution du portail. Par exemple, les programmes de numérisation sont construits en partant du type de fonds (manuscrits, patrimoine écrit, etc.) mais plus rarement en partant du contenu. L’approche thématique nécessite de multiplier les sources potentielles de ressources pour finalement ne sélectionner qu’une partie des fonds, parfois minime.
Dans une situation de pénuries de ressources documentaires, le risque principal pour un portail territorial est de tomber dans une logique «l’occasion fait le larron» où la seule politique documentaire repose sur le fait que la ressource soit numérique et disponible.
Je terminerai avec le portail australien Trove qui est à la fois un catalogue collectif (plus de 1000 bibliothèques) et un portail thématique grâce à un restricteur qui permet de limiter la recherche aux seuls contenus d'intérêt australien. Par exemple une recherche généraliste sur les tribus indigènes, "native tribes", renvoie 25.468 livres, articles, journaux ou magazines ; 770 images ou photos ; 401 musiques, sons ou vidéos ou encore 547 journaux intimes, lettres ou archives. Si on ne s'intéresse qu'àu contenu australien, on passe respectivement à 691 ; 127 ; 61 et 69 reférences. Son coté collaboratif le rapproche de Wiki -Brest mais à une toute autre échelle : les utilisateurs ont ajoutés 11.763 étiquettes cette semaine, 1.436 commentaires et 1.811 images ce mois.
Si d'aucuns connait d'autres sites à vocation territoriale qu'il pense sortir de cette typologie ou remarquables, un commentaire sera le bienvenu.