EAD s'invite dans la famille MARC (2/2)

Un article précédent abordait le problème de l’encodage en EAD dans un établissement travaillant habituellement en format MARC. Voyons maintenant comment publier un fonds de documents ainsi saisi sur un portail de bibliothèque.
Publier un tel corpus documentaire de manière autonome est relativement simple avec des produits tels que CD-ead, que vous pouvez voir en action à la bibliothèque numérique de Roubaix ou le logiciel libre Pleade pour les inventaires des Archives Nationales d’Outre-mer

Tous deux permettent de publier facilement un fichier EAD en mode web. Ils offrent des fonctionnalités classiques de recherche documentaire, mais surtout des chemins de découverte des collections, un peu sur le modèle des étagères virtuelles que proposent certains SIGB. Dans une logique d’archives, l’intérêt d’une pièce se trouve autant dans son contenu que dans l’objet lui-même : reliure, annotation ou raisons de sa présence dans la collection. A l’inverse, en bibliothèque, comme le précise Bertrand Calenge, « le visiteur n’attend du catalogue qu’une localisation aisément repérable en fonction des éléments dont il dispose pour le rechercher » 
Comme pour la saisie, ces différences d’approche rendent difficile la mise en place d’une interface de recherche et de publication présentant dans un même environnement une collection décrite dans une logique archivistique et un catalogue de bibliothèque.
Historiquement, les bibliothèques ont privilégié des outils de recherche fédérée basée sur un meta-moteur. La requête de l’utilisateur est traduite en respectant un protocole normalisé, les plus connus étant Z39.50 et son successeur SRU/SRW, pour être soumise aux moteurs de recherche des différentes sources. Les réponses collectées sont dédoublonnées et reformatées pour être présentées dans une même page.
Les archives se sont plutôt orientées vers des solutions d’entrepôts de données. Une base unique est constituée à partir de plusieurs fonds et la recherche porte sur cette base, qui est l’agrégation de toutes les sources. La plupart des logiciels basés sur un encodage EAD implémentent le protocole OAI/PMH qui permet d’automatiser l’alimentation et la mise à jour de ce réservoir. Dans les bibliothèques, ce fonctionnement est plus marginal et souvent réservé aux catalogues collectifs
Si l’objectif est de permettre une recherche fédérée sur un fonds de lecture publique de plusieurs centaines de milliers de titres d’une part, et un catalogue de quelques centaines de manuscrits d’autre part, la mise en place de l’une ou l’autre de ces architectures semble bien lourde.
Une solution pragmatique pourrait être d’intégrer les notices bibliographiques du fonds de manuscrits dans la base bibliographique de la bibliothèque, après une conversion d’EAD à MARC. Ce changement de format induit forcément une perte au niveau de la granularité et de l’organisation de la collection, la plupart des SIGB en format Marc ne permettant, à de rares exceptions près, qu’un catalogage sur trois niveaux : série, monographie, notice analytique.
Pour limiter cet appauvrissement, une architecture possible est de n’utiliser le portail du SIGB que comme outil de recherche des documents sur un ensemble cohérent de notices au format MARC, et de confier l’affichage des résultats à chaque logiciel spécialisé. L’outil de publication EAD est interrogeable de manière autonome ou ne prend en charge que la présentation du résultat à l’issue d’une interrogation dans le portail, en respectant l’organisation de la collection.
Cela suppose que le logiciel EAD offre un système de permalien permettant d’afficher un élément en le replaçant dans son contexte. Ce qui est le cas pour CD-ead, comme le montre cette référence du fonds des archives de Maxence Van der Meersch ou pour Pleade avec ce lien vers une correspondance du Secrétariat d’Etat à la Marine